Illustration d'une économie moderne québécoise montrant l'hydroélectricité, l'aérospatiale et l'intelligence artificielle comme piliers économiques interconnectés
Publié le 28 novembre 2024

L’économie québécoise est un écosystème interdépendant où les avantages historiques, comme l’hydroélectricité, sont devenus le carburant stratégique des industries du futur.

  • Les secteurs traditionnels (aluminium, aérospatiale) ne sont pas des reliques, mais des plateformes d’innovation modernisées qui demeurent des piliers d’exportation.
  • Les nouveaux géants (IA, jeu vidéo) prospèrent grâce à cet héritage, notamment un accès à une énergie propre et à un bassin de talents unique.

Recommandation : La prospérité future du Québec dépendra de sa capacité à arbitrer stratégiquement ses deux ressources les plus critiques : l’énergie et le talent humain, pour attirer les projets les plus porteurs.

Analyser l’économie québécoise se résume souvent à une énumération de clichés : le Québec, château d’eau de l’Amérique du Nord ; une province riche de ses ressources naturelles ; un eldorado pour les géants du jeu vidéo. Si ces affirmations contiennent une part de vérité, elles masquent une réalité bien plus complexe et dynamique. Elles dépeignent une série de silos indépendants plutôt qu’un écosystème interdépendant, où les succès d’hier pavent la voie aux champions de demain.

L’erreur serait de croire que l’émergence de l’intelligence artificielle à Montréal est déconnectée de la production d’aluminium sur la Côte-Nord. Ou que l’excellence de l’industrie aérospatiale n’a aucun lien avec les stratégies d’attraction des multinationales de la technologie. Mais si la véritable clé de la prospérité québécoise n’était pas la simple addition de ses forces, mais bien leur multiplication ? Si l’avantage compétitif fondamental du Québec résidait dans sa capacité à transformer son héritage industriel en carburant stratégique pour l’économie du savoir ?

Cet article propose une radiographie des piliers de l’économie québécoise en adoptant une perspective nouvelle. Nous verrons comment les forces traditionnelles ont muté pour rester pertinentes, comment les nouveaux secteurs ont pu fleurir sur ce terreau fertile, et quels sont les défis systémiques, notamment la gestion de ses deux ressources les plus précieuses, l’énergie et le talent, qui définiront la trajectoire de la province pour les décennies à venir.

Alors que l’IA connaît une croissance explosive, certains analystes s’interrogent sur la solidité de ce boom économique. La vidéo suivante explore la question d’une potentielle bulle spéculative autour de l’intelligence artificielle, offrant une perspective critique sur l’un des moteurs actuels de l’économie québécoise.

Pour décrypter cet écosystème complexe, nous analyserons les secteurs qui constituent son ADN économique. Cet examen détaillé vous permettra de comprendre les dynamiques internes qui lient les fleurons industriels d’hier aux pôles d’innovation de demain, révélant les véritables leviers et les freins à la croissance du Québec.

De la forêt à l’aluminium : que reste-t-il des fleurons industriels qui ont fait la richesse du Québec ?

L’image d’une économie québécoise autrefois dominée par les ressources naturelles est tenace, mais largement dépassée. Loin d’être des reliques du passé, les industries traditionnelles comme l’aluminium se sont transformées pour devenir des piliers stratégiques de l’économie moderne. Le secteur de l’aluminium, par exemple, n’est pas seulement un vestige de l’ère industrielle ; il est un moteur d’exportation majeur. En 2024, une entente entre Hydro-Québec et Aluminerie Alouette a confirmé que les produits d’aluminium représentent 11,7 milliards de dollars, soit environ 10 % de toutes les exportations québécoises.

Cette vitalité repose sur une transformation profonde : la production d’aluminium vert, à faible empreinte carbone, grâce à l’hydroélectricité. C’est cet héritage industriel transformé qui permet au Québec de se positionner comme un leader de la production durable. L’écosystème ne se limite pas aux grands producteurs. Il irrigue l’ensemble du territoire avec un maillage dense de PME spécialisées. On dénombre en effet 1 734 entreprises de transformation d’aluminium réparties dans toutes les régions, qui génèrent la majorité des 38 000 emplois du secteur.

Étude de cas : La résilience stratégique d’Aluminerie Alouette

L’entente de principe conclue en 2025 entre Hydro-Québec et Aluminerie Alouette illustre parfaitement cette dynamique. En garantissant l’approvisionnement électrique jusqu’en 2045, cet accord sécurise près de 1 000 emplois hautement rémunérés à Sept-Îles et maintient en activité la plus importante aluminerie des Amériques. Plus qu’un simple contrat, il intègre des engagements en efficacité énergétique et une tarification à partage de risques, positionnant Alouette comme un producteur d’aluminium parmi les plus propres au monde. Cet exemple démontre que l’avenir des fleurons industriels passe par l’alliance stratégique avec l’atout maître du Québec : son énergie verte.

Ces industries ne sont donc pas un poids, mais une plateforme. Elles fournissent des matériaux essentiels aux secteurs de pointe comme l’aérospatiale et les transports électriques, tout en constituant un socle économique stable pour de nombreuses régions. L’enjeu n’est plus de savoir s’il faut les conserver, mais comment accélérer leur modernisation pour renforcer leur compétitivité mondiale.

Montréal, capitale de l’aérospatiale : les secrets d’un leader mondial

L’aérospatiale québécoise, concentrée massivement dans la région de Montréal, n’est pas seulement un secteur économique ; c’est un pôle d’excellence reconnu mondialement. Il constitue l’un des rares domaines où le Québec rivalise directement avec les plus grandes puissances technologiques. Le secret de ce succès réside dans la création d’un écosystème ultra-spécialisé, regroupant des géants comme Bombardier, CAE, et Pratt & Whitney Canada, ainsi qu’un réseau dense de plus de 200 PME, universités et centres de recherche.

Cet écosystème génère une concentration de savoir-faire unique. En 2024, le secteur représente 43 100 emplois hautement qualifiés, ce qui signifie qu’un travailleur sur 56 à Montréal œuvre dans ce domaine. Cette densité de talents est à la fois la plus grande force du secteur et son principal talon d’Achille. La croissance est si rapide et la compétition pour les ingénieurs, techniciens et spécialistes si féroce que l’industrie fait face à un défi colossal.

Illustration d'un environnement de fabrication aérospatiale montrant la précision technique et l'innovation manufacturière montréalaise

Comme le montre cette visualisation de l’environnement manufacturier, la précision et l’innovation sont au cœur du processus. Or, maintenir ce niveau d’excellence est directement menacé par les tensions sur le marché du travail. Selon Aéro Montréal, le secteur devra pourvoir près de 40 000 postes au cours de la prochaine décennie, soit l’équivalent de la totalité de sa main-d’œuvre actuelle. Cette situation illustre parfaitement l’un des arbitrages critiques pour l’économie québécoise : la capacité à former, attirer et retenir les talents nécessaires pour soutenir ses industries de pointe.

Le leadership québécois en aérospatiale n’est donc pas un acquis permanent. Il dépend de sa faculté à résoudre ce paradoxe : être un leader mondial tout en luttant pour trouver les ressources humaines qui alimentent sa propre croissance. La bataille pour le futur de l’aérospatiale se jouera autant dans les usines et les bureaux d’études que dans les cégeps et les universités.

Comment le Québec est devenu un géant mondial de l’intelligence artificielle et du jeu vidéo

L’ascension fulgurante du Québec sur la scène mondiale de l’intelligence artificielle (IA) et du jeu vidéo n’est pas le fruit du hasard. C’est le résultat d’une stratégie concertée, bâtie sur un terreau fertile : des universités de renommée mondiale, un soutien gouvernemental proactif via des crédits d’impôt attractifs, et un coût de la vie relativement bas pour une métropole nord-américaine. Cet alignement a créé un puissant effet d’écosystème, attirant à la fois les talents et les capitaux.

Dans le domaine de l’IA, Montréal s’est imposée comme un hub mondial grâce à des figures comme Yoshua Bengio et à des institutions comme le Mila. Cet écosystème, qui compte aujourd’hui près de 800 organisations répertoriées, a un impact économique tangible. Entre 2017 et 2021, les investissements dans le secteur ont généré une contribution directe de 1,9 milliard de dollars au PIB provincial. L’IA n’est plus seulement un champ de recherche, c’est un moteur économique qui infuse l’innovation dans tous les autres secteurs, de la santé à la finance.

Parallèlement, l’industrie du jeu vidéo, menée par des géants comme Ubisoft, Eidos et Behaviour Interactive, est devenue une véritable puissance économique. Avec 15 220 emplois équivalents temps complet et une contribution de 5,1 milliards de dollars au PIB, le Québec ne se contente pas de dominer la scène canadienne (avec plus de 45 % des emplois du pays), il joue dans la cour des grands à l’échelle mondiale. Ce secteur est un parfait exemple de l’attractivité du modèle québécois, combinant créativité, technologie et incitatifs fiscaux.

Ces deux piliers de l’économie du savoir illustrent la nouvelle facette de la richesse québécoise. Ils dépendent moins des ressources souterraines que de l’intelligence collective et de la capacité à créer un environnement où l’innovation peut prospérer. Le défi est désormais de maintenir cet élan, alors que la compétition mondiale pour les talents et les investissements dans la tech ne cesse de s’intensifier.

Le mal qui ronge l’économie du Québec : pourquoi la pénurie de main-d’œuvre est un frein à notre croissance

Le terme « pénurie de main-d’œuvre » est devenu un leitmotiv dans le discours économique québécois. Pourtant, la situation est plus paradoxale qu’il n’y paraît. En surface, certains indicateurs semblent montrer une accalmie. Selon l’Institut du Québec, le taux de chômage est passé de 4,7 % à 5,6 % entre décembre 2023 et décembre 2024, tandis que le nombre de postes vacants a atteint son plus bas niveau depuis 2018. Ces chiffres pourraient laisser croire que le problème est en voie de résolution.

Cependant, cette lecture est trompeuse. Comme le souligne l’Institut du Québec, « les forces qui ont engendré les pénuries de main-d’œuvre sont encore bien présentes ». Le vieillissement de la population, un phénomène démographique lourd, continue de réduire le bassin de travailleurs disponibles. De plus, le ralentissement économique conjoncturel masque des pénuries structurelles et sectorielles qui demeurent critiques. L’industrie aérospatiale a besoin de dizaines de milliers de travailleurs, les services de santé sont sous tension, et les PME en région peinent à recruter.

Une analyse plus détaillée laisse entrevoir une situation bien plus nuancée que ne suggèrent les statistiques. Les forces qui ont engendré les pénuries de main-d’œuvre sont encore bien présentes.

– Institut du Québec, Bilan 2024 de l’emploi au Québec

Ce manque de personnel n’est pas qu’un simple désagrément ; c’est un frein direct à la croissance. Il limite la capacité des entreprises à répondre à la demande, retarde les projets d’investissement et freine l’innovation. Une entreprise qui consacre son énergie à simplement pourvoir ses postes existants a moins de ressources à dédier à son développement futur. La pénurie de talents est donc le goulot d’étranglement qui menace de ralentir tous les piliers de l’économie, des plus traditionnels aux plus avant-gardistes.

Résoudre ce problème complexe exigera une approche sur plusieurs fronts : accélération de la formation, meilleure intégration des immigrants, automatisation et augmentation de la productivité. La prospérité future du Québec dépendra en grande partie de sa capacité à transformer ce défi majeur en opportunité d’innovation.

Montréal moteur ou aspirateur ? Le débat sur le poids de la métropole dans l’économie québécoise

Le rôle de Montréal dans l’économie du Québec est ambivalent et suscite un débat constant : la métropole est-elle le moteur qui tire toute la province vers le haut, ou un aspirateur qui concentre les richesses, les talents et les investissements au détriment des régions ? Les chiffres, eux, sont sans équivoque et témoignent d’une concentration économique phénoménale.

Selon les données de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), la région du Grand Montréal est le cœur battant de l’économie québécoise. Elle représente à elle seule 56 % du PIB provincial, 54 % de l’emploi et 52 % des exportations de biens. Cette gravité métropolitaine est si forte qu’aucune discussion sur l’avenir économique du Québec ne peut ignorer cette réalité. C’est à Montréal que se trouvent les sièges sociaux, les plus grandes universités, les laboratoires de recherche en IA et les studios de jeux vidéo qui font la renommée internationale de la province.

Illustration montrant la dynamique économique de Montréal comme centre d'innovation et de commerce régional

Cette concentration n’est pas seulement un poids, c’est aussi un aimant. Montréal agit comme la principale porte d’entrée pour les investissements étrangers. En 2024, Montréal International a accompagné 59 projets totalisant 2,7 milliards de dollars d’investissements, créant ou maintenant près de 4 800 emplois avec un salaire annuel moyen très élevé. Ces investissements ciblent précisément les secteurs d’avenir comme les technologies propres et l’IA, renforçant encore davantage le statut de la métropole comme pôle d’innovation.

Le débat n’est donc pas tant de savoir si Montréal est importante, mais comment mieux diffuser cette vitalité économique à l’ensemble du territoire. L’enjeu est de créer des ponts et des synergies pour que les régions ne soient pas de simples spectatrices de la croissance métropolitaine, mais qu’elles y participent activement, en développant leurs propres pôles d’excellence. La question n’est pas de réduire l’influence de Montréal, mais d’amplifier celle des autres régions.

Qui finance les startups au Québec ? Le guide des investisseurs en capital de risque

L’innovation et les secteurs technologiques ne peuvent prospérer sans un carburant essentiel : le capital. Le Québec a réussi à bâtir un écosystème de financement mature, capable de soutenir les entreprises à différentes étapes de leur développement, de l’amorçage à l’expansion internationale. Le capital de risque (CR) est le principal véhicule de ce financement, injectant des fonds dans les jeunes pousses les plus prometteuses en échange d’une participation à leur capital.

Cet écosystème est dynamique et actif. Selon les données de Réseau Capital, au troisième trimestre de 2024, 239 millions de dollars ont été investis dans 25 transactions de capital de risque au Québec. Le secteur des technologies de l’information et des communications (TIC), qui inclut l’IA et le jeu vidéo, demeure le principal bénéficiaire de ces investissements, démontrant une claire orientation vers l’économie du savoir. Cette activité constante, même dans un contexte économique mondial plus prudent, témoigne de la confiance des investisseurs dans le potentiel des startups québécoises.

La force du modèle québécois réside dans la diversité de ses acteurs. L’écosystème n’est pas seulement composé de fonds privés. Des acteurs institutionnels comme la Caisse de dépôt et placement du Québec (via ses fonds spécialisés) et Investissement Québec jouent un rôle crucial de catalyseur. Ils co-investissent aux côtés de fonds privés, partagent les risques et contribuent à attirer des capitaux étrangers. Comme le souligne Réseau Capital, le Québec dispose de « nombreux fonds de capital de risque présents à tous les stades de développement des entreprises », y compris une nouvelle vague de fonds d’amorçage créés ces dernières années pour soutenir les entreprises dès leurs premiers pas.

Cette structure de financement robuste est un avantage compétitif majeur. Elle permet aux entrepreneurs de trouver les ressources nécessaires pour transformer une idée innovante en une entreprise viable et, potentiellement, en un futur champion québécois. Sans cet accès au capital, de nombreuses innovations prometteuses ne verraient jamais le jour.

Énergie verte, talents, impôts bas : les trois carottes que le Québec agite pour attirer les multinationales

Pour se démarquer dans la féroce compétition mondiale pour attirer les investissements, le Québec ne mise pas sur un seul atout, mais sur un triptyque stratégique : une énergie propre et abordable, un bassin de talents qualifiés et un environnement fiscal avantageux. C’est cette combinaison qui constitue la « proposition de valeur » québécoise pour les multinationales, en particulier celles des secteurs de la haute technologie et de l’économie verte.

Le premier pilier, et peut-être le plus distinctif, est l’hydroélectricité. Dans un monde où les entreprises sont de plus en plus évaluées sur leurs critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance), l’accès à une énergie renouvelable, fiable et à un coût compétitif est un avantage déterminant. Cela positionne le Québec comme une destination de choix pour les industries énergivores comme les centres de données, les fabricants de batteries ou les producteurs d’hydrogène vert.

Le deuxième atout est le talent. Comme nous l’avons vu, bien qu’il soit sous tension, le bassin de main-d’œuvre qualifiée, notamment dans les domaines de l’IA, de l’aérospatiale et des effets visuels, est un puissant aimant. La présence de cet écosystème de savoir-faire rassure les entreprises sur leur capacité à trouver les compétences nécessaires à leur croissance. Enfin, le troisième levier est fiscal. Le Québec, en synergie avec le gouvernement fédéral, offre une série de crédits d’impôt parmi les plus généreux en Amérique du Nord. Selon la BDC, le gouvernement du Canada met à disposition près de 93 milliards de dollars en incitatifs fédéraux d’ici 2035 pour les investissements dans l’économie propre, s’ajoutant aux programmes provinciaux.

Cet arsenal d’incitatifs, combiné aux atouts structurels du Québec, crée un environnement très attractif. Cependant, cette stratégie pose un nouveau défi d’arbitrage : l’énergie québécoise n’est plus illimitée. Attirer de méga-projets énergivores signifie allouer une part de cette ressource précieuse, qui pourrait autrement servir à décarboner les industries existantes ou à répondre aux besoins croissants de la population. Le succès futur dépendra de la sagesse avec laquelle le Québec choisira les projets qui maximisent les retombées économiques et sociales pour chaque mégawatt consommé.

À retenir

  • L’économie québécoise est un écosystème où les secteurs historiques (alu, aéro) et futurs (IA, tech) sont interdépendants.
  • L’énergie hydroélectrique propre est passée d’une simple ressource à un outil stratégique majeur pour attirer les investissements et développer une économie verte.
  • Le principal frein à la croissance pour tous les secteurs est la tension sur le marché du travail, un défi structurel lié à la démographie.

Québec, terre d’innovation : enquête sur les laboratoires, les startups et les investisseurs qui inventent le futur

Si l’IA et le jeu vidéo captent l’essentiel de l’attention, l’innovation au Québec infuse en réalité des secteurs beaucoup plus variés, y compris les plus traditionnels. Loin de se limiter à la métropole, des pôles d’excellence émergent en région, démontrant la capacité de l’écosystème québécois à se réinventer sur tout le territoire. L’innovation n’est plus un domaine réservé à quelques industries de pointe, mais une culture qui se propage.

Le secteur des agritechnologies en est un parfait exemple. Le Québec concentre 35 % des entreprises canadiennes en « AgTech », avec un écosystème de plus de 750 organisations qui travaillent à moderniser l’agriculture grâce à la technologie. En 2024, le gouvernement a d’ailleurs investi 7,4 millions de dollars pour soutenir des projets innovants visant à répondre aux enjeux de productivité et de durabilité du secteur agricole. L’innovation se niche aussi dans l’économie bleue, comme l’illustre l’initiative de Merinov.

Étude de cas : Merinov, le hub d’innovation maritime en Gaspésie

En inaugurant son Hub d’innovation à Grande-Rivière en 2025, Merinov, le principal centre de recherche sur les produits marins au Canada, a créé une infrastructure stratégique pour l’économie de la Gaspésie et du Québec maritime. Ce centre permet aux entreprises du secteur des pêches et de l’aquaculture de tester des technologies de pointe pour la gestion de l’eau, l’automatisation et la valorisation des produits. C’est un exemple concret d’innovation de calibre mondial qui prend racine en région, renforçant un secteur traditionnel tout en le projetant vers l’avenir.

Ces exemples montrent que le futur de l’économie québécoise se construit sur une double dynamique : la consolidation de ses pôles mondiaux comme l’IA et l’aérospatiale, et la diffusion de cette culture d’innovation à l’ensemble de ses industries et de ses régions. Le véritable enjeu sera de maintenir l’équilibre entre ces deux forces pour assurer une croissance durable et partagée.

Plan d’action : Évaluer le potentiel d’innovation d’un secteur économique

  1. Points de contact avec l’innovation : Lister tous les canaux par lesquels l’innovation entre dans le secteur (centres de recherche universitaires, startups, programmes gouvernementaux, initiatives internes des grandes entreprises).
  2. Collecte des actifs existants : Inventorier les brevets déposés, les startups créées, les projets pilotes en cours et les investissements récents pour mesurer l’activité réelle.
  3. Cohérence avec la stratégie : Confronter les projets d’innovation aux grands défis du secteur (pénurie de main-d’œuvre, transition écologique, compétition internationale). Sont-ils pertinents ?
  4. Potentiel de rupture : Évaluer si les innovations sont incrémentales (amélioration de l’existant) ou de rupture (création de nouveaux modèles d’affaires). Repérer ce qui est unique vs générique.
  5. Plan d’intégration et de financement : Identifier les « trous » dans la chaîne de valeur de l’innovation et les sources de financement (capital de risque, subventions) disponibles pour combler ces manques.

Pour mettre en pratique ces analyses et évaluer les opportunités d’investissement ou de carrière, l’étape suivante consiste à approfondir la connaissance des écosystèmes spécifiques, en dialoguant avec les acteurs de terrain comme les chambres de commerce, les grappes industrielles et les agences de développement économique régionales.